Vous rêvez d’indépendance, mais l’option 100% solo vous effraie ? Pourquoi pas reprendre une affaire ou ouvrir une franchise ?

 

Courageux, mais pas téméraire autant, vous avez décidé de tout changer, mais vous préférez partir sur des bases solides. Deux solutions sont engageables : la reprise d’entreprise ou l’entrepreneuriat en franchise « Reprendre une société est plus rassurant, confirme Martine Story co-fondatrice d’Althéo, cabinet spécialisé dans le conseil en reprise d’entreprise.

Le repreneur bénéficie d’un revenu immédiat et obtient plus aisément des financements bancaires « Quant au secteur de la franchise, il connaît depuis dix ans un bel essor : il représentait en 2016 plus de 55 milliards d’euros chiffre d’affaires, réalisés par 71500 points de vente placés sous la bannière de 1900 réseaux. Mais tout le monde n’est pas taillé pour ce type de projet. Selon vos attentes, étudiez bien les avantages et inconvénients de chaque formule.

Devenir le «Gendre» idéal

Outre les nécessaires qualités de gestionnaires, reprendre une entreprise exige une bonne capacité d’adaptation.

Il faut composer avec des équipes en place et, surtout, faire preuve de patience : entre la décision de reprendre une boite et la signature du protocole d’accord, il peut s’écouler dix-huit mois. Car les bonnes affaires sont difficiles à dénicher. Le marché de la cession est très opaque, poursuit Martine Story . . .

J’ai eu un coup de foudre professionnel pour le cédant

Après dix-sept dans la banque d’affaires, Eric Goudou plaque tout pour reprendre une entreprise. «Je voulais une PME de 2 à 10 millions d’euros de chiffres d’affaires, avec une unité de production et des perspectives prometteuses.» Pour la recherche, il mandate le cabinet de sourcing Althéo .

Il étudie 20 dossiers avant de choisir Labojal (fabrication de détergents pour les professionnels). «La valorisation était réaliste et le potentiel de développement, réel. Mais, et c’est crucial, j’ai surtout eu un coup de foudre professionnel pour le cédant.» Un coup de foudre réciproque, puisque le vendeur a pris des parts dans son ancien entreprise !

…Les cédants communiquent peu sur leur intention de vendre.» D’où l’intérêt de passer par des intermédiaires spécialisés dans la recherche de cibles.

Leur tarif atteint souvent plusieurs dizaines de milliers d’euros, mais les dossiers qu’il présente sont béton et la durée avant signature est plus rapide.

Etudier plusieurs offres en parallèle permet de rebondir si votre interlocuteur change d’avis à la dernière minute. Prenez le temps de rencontrer les cédants, écoutez-les et évitez de les brusquer : ils vendent leur bébé et cherchent le «gendre» idéal. Ne vous laissez pas embarquer dans des rendez-vous à répétition si vous sentez qu’il y a un risque de rétraction.

Autres étapes cruciales : l’évaluation de l’entreprise et la négociation avec le vendeur. Cela passe par une analyse minutieuse de l’activité, une série d’audits, la recherche de financement, etc.

A ce stade, le recours à des experts est indispensable, pour rédiger les documents contractuels, mais aussi pour vérifier les données financières

RESPECTER LE CONCEPT

La prudence et une bonne enquête de terrain sont également de mise en matière de franchise. Le terme est souvent employé de façon générique.
Il existe en réalité plusieurs formes de réseaux : en licence de marque, en commission-affiliations, en concessions . . . «Selon les cas, le fonctionnement est différent et n’offre pas les mêmes garantis, prévient Laurent Delafontaine, cofondateur du cabinet Axe-Réseaux. En licence de marque, par exemple, l’enseigne n’a aucune obligation de formation ni de transfert de savoir-faire.» Renseignez-vous sur le type de partenariat proposé, car, sans l’assistance de direction de l’enseigne, vos chances de réussite seront moindres.
Il vous faudra aussi respecter le concept, suivre la stratégie commerciale de la marque, rendre des comptes et, bien sur, vous approvisionner auprès de la centrale d’achat du franchiseur : sur ce point, toute négociation est quasi impossible. Vous vous engagez de surcroit à rétribuer le franchiseur pour son assistance en acquittant des droits d’entrée, puis des royalties correspondant
à un pourcentage du chiffre d’affaires.
Les franchiseurs ont tendance à communiquer sur des droits d’entrée hors taxe. Vous serez, en réalité, facturés 20 points de plus, sur des montants atteignant jusqu’à 30 000 euros.
Enfin, anticipez les mises aux normes et les changements de concepts.
Après le rachat de Quick par Burger King, le plan de conversion des restaurants a couté 500 000 euros par point de vente, à la charge des franchisés.
Interrogez donc le franchiseur sur ses projets avant de vous engagez.
Les contrats de franchise durant en général sept ans, il serait étonnant que vous vous échappiez à un changement de concept. Il ne faudrait pas que cela vous coute plus cher que de créer votre propre affaire !

*Source : revue Management Hors-série Février 2018